Exorde par Emmanuelle Sénami

Transit est l’album de la mue. Celle d’un voyage initiatique entre Kwali et lui-même. Une mue qui l’amène à l’exploration et à la connaissance de ses racines. Ces racines qui sont aussi vastes que le sont celles d’un Banian de Howrah.

Cet album est également celui de la multiplicité et de la confluence. Les ambiances polychromes inspirent à l’intime, soulignent de la gravité, appellent au partage et créent de la solarité.

Kwali combine les ambiances, les styles. Il est attaché à ce qu’à l’écoute de ses compositions, l’on identifie le “quelque part” multiple d’où il est issu.

Entre le 1er EP et cet album, il n’a jamais cessé de composer. Esprit chercheur et méticuleux, il a pris le temps de réaliser “Transit” qu’il a conçu en 13 mois, d’innombrables heures, de fulgurantes inspirations et quelques doutes.

“Transit” est un pont, un “en cours” à bord duquel l’auditeur embarque, en s’arrêtant à chacune des 7 escales musicales que Kwali invite à découvrir.

Jam Yourself :
Tel un mantra qui invite à explorer son soi, le rythme et les voix de “Jam Yourself” sont un temple auditif dans lequel on oscille entre contemplation, introspection et révélation à soi.

Alright :
Morceau aérien appelant à une certaine évanescence, “Alright” inspire la rêverie. Kwali s’amuse avec le rythme, nous en enroule pour ensuite déposer aux creux de nos pavillons, des voix féminines lascives. Kwali s'amuse toujours autant en frappant les rythmes. Il les désynchronise, les ralentit à l’extrême mais c’est ok, pour ne pas dire que c’est “Alright”.

El Fuego between us :
Morceau lumineux et entraînant qui sied aussi bien à ceux qui voudront le siroter assis qu’à ceux qui préféreront le déguster avec quelques pas de danse. “El Fuego between us” est aux confluences musicales si nombreuses qu’il serait presque dommage d’essayer de les distinguer. Le rendu est harmonieux et fluide. Kwali a fait de ce morceau une une potion sonore qui fait honneur au creuset musical de ses racines.

Black Pearl :
L’entrée dans le morceau commence par une voix aux intonations scandantes qui pourraient inspirer à l'insurrection. Black Pearl est le morceau politique de l’album. Tranchant et sans compromis. A l’image des 19 voix incarnant une pensée, des mots, une révolte, un constat..triste... 19 figures auxquelles Kwali rend hommage. Black Pearl est le chantre d’une négritude assumée que Kwali honore. Le morceau a une fin mais pour Kwali le combat des 19 voix doit infuser les esprits bien au delà de leur écoute

Hopeness :
“Hopeness” a des allures tout aussi aériennes que l’est le morceau Alright. A l’écoute d’Hopeness, il est aisé de se figurer être sur une île déserte, coupé de tout et pourtant, plus que jamais connecté à un “quelque part”. Hopeness a cette touche mélancoliquement souriante. Le morceau parvient à assurer l'équilibre parfait entre une cadence chaloupée et une touche jazzy réconfortante.

Ich Congo :
Au titre énigmatique, Ich Congo est un morceau globe-trotter. Les frontières musicales sont poreuses ou peut-être après tout, sont elles, comme aime à le faire Kwali : inexistantes. Les paroles quant à elles universelles, sont issues d’une langue non répertoriée. Celles de l’imaginaire qui n’altère en rien leur sens. Elles en deviennent au contraire d’une évidente limpidité.

Bibédèvô :
Le sémillant Bibdevo dont la signification en langue goun peut être traduit par “Au carrefour d’un nouveau départ” est un hommage à lui tout seul. Il a les codes du style engagé qu’est l’Afrobeat tout en ouvrant sur un style Kwalistique. Avec ses cuivres accrocheurs et enivrants, une rythmique complexe et percutante Kwali clôt cet album dans une magistrale générosité et un final explosif. Le morceau surprend, embrase, vous déhanche avant de vous faire déhancher et appeler au partage !

...